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document de travail

🚧À quoi engagent les engagements

par Marie-Anne Frison-Roche

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 Référence complète : M.-A. Frison-RocheÀ quoi engagent les engagements, document de travail, juin 2024

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📝 Ce document de travail est la base de l'article, "À quoi engagent les engagements", in 📕L'Obligation de Compliance

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 Résumé du document de travail :  L'innocent pourrait croire, prenant le Droit et ses mots au pied de leur lettre que les Engagements engagent ceux qui les prennent. Sinon, il tomberait dans le piège du "faux ami", ce dont le Droit veut le protéger (ce qui est poser en prolégomènes). Ainsi ceux qui s'engagent posent ce qu'ils doivent faire ce qu'ils disent qu'ils feront. Pourtant, chose étrange, les "engagements", qui sont si fréquents dans les Comportements de Compliance, sont souvent considérés par ceux qui les adoptent comme n'ayant aucune valeur contraignante ! Sans doute parce qu'ils relèveraient d'autres disciplines que le Droit, par exemple de l'art managérial ou de l'éthique. Mais l'on se demande alors pourquoi ils sont devenus si important dans les mécanismes de compliance. (I). 

Si l'engagement est central en Compliance, notamment en Vigilance, c'est parce que le Droit de la Compliance est le prolongement du Droit de la Régulation📎!footnote-3439. L'entreprise est instituée de force par la Compliance régulateur, notamment dans les chaines de valeur, ou sur les espaces numériques (DSA). Dans l'élaboration d'un plan, l'entreprise exécute son obligation légale. Mais si l'on devait considérer qu'il s'agit d'un engagement, alors il faudrait aussi considérer que le plan résulte de sa volonté, qu'elle doit dans son élaboration consulter les parties prenantes mais que la source du plan est sa volonté : les dispositions ne sont pas des stipulations, ne sont pas des applications de la loi, mais des dispositions volontaires unilatérales, qui ne constituent pas un acte juridique unilatéral mais un acte de gestion et un comportement qui s'insère dans une politique générale du groupe. A ce titre, et parce que sa source est la volonté de l'entreprise (ce qui n'empêche pas sa co-construction), un plan ou une politique de groupe pourrait contenir une "offre graduée" efficace d'arbitrage.

L'on mesure ainsi que les Engagements ne sont pas que des mécanismes de management et d'éthique mais relèvent aussi du Droit. 

Tout d'abord, les Engagements des entreprises apparaissent avec une portée contraignante forte et incontestable lorsqu'ils prennent la forme de contrats (II). En effet, les entreprises s'engagent, soit pour concrétiser leurs obligations légales de Compliance, ce qui n'est alors qu'une obéissance à la loi, soit pour exprimer une volonté propre, soit pour elles-mêmes, soit pour autrui. Les cas sont souvent confondus, alors que les portées ne sont pas les mêmes. Si l'engagement prend la forme d'un contrat, la Compliance est concernée si le contrat est manié comme Outil de Compliance Ex Ante📎!footnote-3436, soit que l'ensemble du contrat ait cet objet, soit qu'une clause de compliance soit insérée, une clause compromissoire pouvant s'y articuler.

Ensuite, les engagements, en tant que paroles ou comportements, constituent des faits qui entrer dans l'ordre juridique par la considération qu'en prend une Autorité publique. Cette décision unilatérale peut être la décision de l'Autorité de la concurrence ou la validation judiciaire de la CJIP (II). C'est une parfaite illustration du lien entre le Droit de la Régulation et le Droit de la Compliance car ce n'est pas l'engagement qui crée l'obligation mais l'acte public qui le prend en considération et l'inscrit pour qu'il modifie le futur en accord avec la mission de l'Autorité publique légitime. En effet, l'engagement, notion venue plutôt de l'Économie de la Regulation, a été pensé entre une Autorité de Régulation et une Entreprise : c'est la décision unilatérale de l'Autorité qui donne une force juridique à l'engagement. La jurisprudence le confirme (Conseil d'État📎!footnote-3437 et Conseil constitutionnel📎!footnote-3438).

Enfin, les engagements peuvent avoir une portée en tant qu'ils constituent des faits, créant une situation de fait. A ce titre, les engagements étant un comportement comme un autre, ils peuvent engager la responsabilité des entreprises qui ont formulé des engagements si la personne qui se présente comme victime peut montrer qu'il y a eu une négligence ou une faute, par exemple s'il y a incohérences, ou mensonges, et que cela lui a causé un dommage (III).

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🔓lire le document de travail ci-dessous⤵️

PROLÉGOMÈNES : LE DRAME DES FAUX AMIS EN DROIT

1. Droit et langage : un vaste thème, un impératif technique💍Le Droit n'a pas de force, c'est l'État qui en a, ce qui engendre un lien étroit entre les deux, voire une confusion📎!footnote-3971. On peut le concevoir ainsi, liant la nature du Droit à sa puissance à contraindre. On peut aussi le concevoir, cela n'est pas exclusif de la première conception, comme des "actes de langage"📎!footnote-3972 (auxquels sont attachés des effets juridiques, notamment de contrainte). Parce que les normes juridiques sont faites de mots📎!footnote-3973, contribuant à établir ce rapport entre " les mots et les choses"📎!footnote-3975, ils sont certes en distance avec le vocabulaire du langage non-juridique📎!footnote-3974 mais peuvent ne pas avoir le même sens que celui-ci. Cette superposition peut engendrer des difficultés si un mot a un sens dans le vocabulaire juridique et en a un autre dans le vocabulaire non-juridique📎!footnote-3976.

En pratique, car le Droit est un art pratique, les mots du Droit doivent être le plus proche du vocabulaire courant, et surtout ne pas signifier le contraire de ce qu'ils signifient dans leur sens courant. Sinon, cela va s'appeler de cette si parlante expression : un "faux ami", c'est-à-dire un "terme d'une langue étrangère qui présente une ressemblance graphique ou phonique avec un terme de la langue maternelle, mais ne possède pas le même sens"📎!footnote-3977. Or, l'engagement pourrait bien relever de cette catégorie.

 

 

2. L'importance pratique des définition : puissance des tautologies et interdit de la contradiction littérale 💍Parce, par le mécanisme de l'imputation, le Droit attache aux mots, qui sont autant de qualifications, un régime juridique spécifique, les définitions sont essentielles, qu'elles soient formulées par avance dans les lois (Civil Law) ou à l'occasion de décisions juridictionnelles liant les solutions postérieures par le stare decisis (Common Law). 

À ce titre, l'on atteint la plus forte normativité juridique lorsqu'on arrive à une tautologie, c'est-à-dire que le régime juridique est contenu dans la définition même : 

 

I. L'ÉTRANGE AFFIRMATION SELON LAQUELLE LES ENGAGEMENTS N'ENGAGERAIEN EN RIEN JURIDIQUEMENT

1. 💍sss

A. LES "ENGAGEMENTS" COMME TECHNIQUE SIMPLEMENT ÉTHIQUE SANS PORTÉE JURIDIQUE CONTRAIGNANTE

1. 💍sss

B. LES "ENGAGEMENTS" COMME TECHNIQUE SIMPLEMENT MANAGÉRIALE SANS PORTÉE JURIDIQUE CONTRAIGNANTE

1. Les "engagements" obtenus par adhésion à un projet qui "embarquent" 💍sss

1. Les "engagements", art de la gestion et manifestation de la défiance vis-à-vis du Droit💍sss ssss📎!footnote-3970

C. L'IMPOSSIBILITE DE S'EN TENIR A UNE FERMETURE DES ORDRES NORMATIFS

1. Non, la sanction d'un "engagement éthique" ne peut pas être que le remord💍sss

1. Non, la sanction d'un "engagement managérial" ne peut pas être que la désorganisation managériale💍sss

 

II. L'ENGAGEMENT INCONTESTABLE DES UNS ET DES AUTRES PAR LES ENGAGEMETS CONTRACTUELS 

1. 💍sss

A. LES TECHNIQUES CONTRACTUELLES, ENGAGEMENTS BILATERAUX ENGENDRANT DÉBITEURS ET CRÉANCIERS D'OBLIGATIONS DE COMPLIANCE 

1. 💍sss

B. L'ABSENCE D'ENGAGEMENT À L'EGARD DES TIERS LORSQUE L'OBLIGATION DE COMPLIANCE A UNE SOURCE LEGALE OU REGLEMENTAIRE

1. 💍sss

 

 

III. LA TENTATIVE D'ENGAGEMENT PAR LA CONSTITUTION DE SITUATIONS DE DROIT SUR LE SEUL ACTE JURIDIQUE DES ENGAGEMENTS QUALIFIÉS D'ACTES JURIDIQUES UNILATÉRAUX

1. 💍sss

A. L'ABSENCE D'ENGAGEMENTS DIRECTEMENT CRÉÉ PAR LE DROIT INTERNATIONAL SOUPLE A LA CHARGE DES ENTREPRISES ASSUJETTIES 

 

1. 💍sss

B. LA CREATION DES ENGAGEMENTS PAR L'ACTE ULTERIEUR DE L'AUTORITÉ PUBLIQUE : LA CJIP, ET LES ENGAGEMENTS CONCURRENTIELS 

1. 💍sss

C. L'ABSENCE D'ENGAGEMENTS DIRECTEMENT CRÉÉ PAR LE PLAN DE VIGILANCE, ACTE DE GESTION

1. 💍sss

 

IV. LA PERTINENTE DE L'ENGAGEMENT PAR LA CONSTITUTION DE SITUATIONS DE FAIT PAR DES ENGAGEMENTS CONSTITUTIFS DE COMPORTEMENTS POUVANT CONSTITUER DES FAITS GÉNÉRATEURS DE RESPONSABILITÉ CIVILE

1. 💍sss

A. LA PRODUCTION DE L'ENGAGEMENT DE L'ENTREPRISE PAR LE COMPORTEMENT FACTUEL CONSTITUE PAR SON 'ENGAGEMENT" 

1. 💍sss

B. LA FORME DE L'ENGAGEMENT PAR LA RESPONSABILITE CIVILE 

1. 💍sss

C. PLA CONDITION DE L'ENGAGEMENT :DEMONSTRATION D'UN FAIT GENERATEUR DISTINCT DE L'ENGAGEMENT PUR, D'UN DOMMAGE ET D'UN LIEN DE CAUSALITE

1. 💍sss

1

Cette association, voire consubstantialité entre le Droit et l'Etat, est plus souvent faite par les spécialistes de Droit public que par les spécialistes de Droit privé. 

Par exemple, un ouvrage d'Introduction générale au droit conçu par un publiciste présentera la définition de la règle de droit comme...

tandis qu'un ouvrage, portant le même temps, affirmera que : 

2

V. par ex. P. Amselek, Le droit et les actes de langage,....

3

Même si le Droit est aussi fait de bien d'autres choses, notamment en  Droit économique comme les gestes (comme la paumée Carbonnier a écrit sur la paumée... pourriez-vous retrouver cela ?), d'image (carbonnier , l'imagerie des monnaies) de rituels (A. Garapon, Le rituel judiciaire...), de lieux (quelque chose sur l'architecture des palais de justice ; quelque chose sur les salles de marché?)

4

Les travaux de Foucault, portant sur cette relation, sur "l'ordre du discours", et sur l'ordre du Droit, notamment celui de la preuve, ont fait l'objet d'une série de contributions dans l'ouvrage La juridictionnalisation de la compliance, notamment mafr, "le jugeant-jugé...", et J..Heymann, "La Cour suprême de Facebook"...

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Sur la distance entre le vocabulaire dit "courant" et le vocabulaire juridique, v. G. Cornu, Linguistique juridique, 2005. La présentation que l'auteur fait de son ouvrage l'exprime parfaitement en ces termes : " La linguistique juridique est, pour l'essentiel, l'étude du langage du droit. Ce langage existe, comme langage spécialisé, parce que le droit donne un sens particulier à certains mots. L'ensemble de ces mots forme le vocabulaire juridique. Cependant le vocabulaire est l'instrument du discours. La parole organise les phrases qui communiquent le droit. Ainsi naissent, chacun dans sa structure et son style, tous les énoncés qui président à la création et à la réalisation du droit, lois, jugements, conventions, plaidoiries, constats, etc. Langage coutumier, les maximes et adages du droit gravés dans nos esprits brillent toujours du même éclat. On entre dans le droit par la connaissance du sens juridique des mots et la maîtrise des discours du droit. En lien avec le langage du droit, le droit du langage et son emprise sur la langue commune prennent ici aujourd'hui leur ampleur.".

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Comme le montre Cornu, cette superposition de deux langues différentes, superposition inévitable, engendre des difficultés puisqu'il arrive qu'un mot ait un sens dans le vocabulaire juridique et en a un autre dans le vocabulaire non-juridique (Linguistique juridique, 2005,). p.20 pouvez-vous trouver un exemple  dans l'ouvrage de Cornu (Linguistique juridique) qui ne soit pas "engagement" ?

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Définition du "faux ami" par le Dictionnaire Larousse de la langue française. Eventuellement, trouver d'autres définitions dans d'autres dictionnaires. Si elles étaient très différentes les unes des autres (cela m'étonnerai) me le dire, merci

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Sur l'idée que les "engagements" recherchés et obtenus par le managers à l'égard des collaborateurs et des partenaires le sont par des techniques de management parce que les techniques juridiques, abstraites et rigides, sont précisément incapables d'obtenir cela, v. par ex. F. Dupuy,  Lost in Management : On ne gère pas les entreprises par décret, 2020, Seuil.

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