July 5, 2016
Law by Illustrations
Disney fait souvent dans le pédagogique. Dans Inside Out (Vice versa dans la version francophone), il fait dans les sciences cognitives.
Il s'agit dans Inside Out de montrer la façon dont l'enfant d'une dizaine d'années affronte les difficultés de la vie, nouvelles expériences et épreuves : déménagement, passage d'une petite à une grande ville, perceptions des difficultés professionnelles et financières des parents.
Elle le fait en "gérant ses émotions" : cinq personnages incarnent celles-ci dans la tour centrale désignée comme son cerveau, organisée autour d'ilots de souvenirs classés.
Les 5 émotions sont la Joie, le Dégoût, la Tristesse, la Peur et la Colère.
N'analysons pas le film en tant que tel. L'on pourrait certes se demander pourquoi le Dégoût y est présent et non pas le Désir, son contraire.
L'on pourrait gloser encore sur ce qu'entraîne dans le film le passage de l'enfant dans l'expérience imaginaire dans le hangar de la solitude où les pauvres émotions de Disney manquent de défunter sous les vagues de la "déconstruction" et du "symbolisme". Les amateurs de Derrida et autres beaux esprits n'ont pas dû apprécier (il est vrai qu'ils ne daignent pas voir les films dits "pour enfants").
Dans cette même controverse dans la culture dite populaire et la culture dite "académique", comment ne pas rire lorsque les émotions dans leur fuite surplombent la "pensée critique" qui stagne parmi les "déjà-vu" (en français dans le texte) ou donnent un coup de pied dans des cartes à jouer où sont mêlées les cartes "faits" et les cartes "commentaires" ?
La "doctrine" juridique qui aime tant se commenter elle-même pourrait s'offrir un petit gif de ces séquences-là. Un peu de "pensée critique" dans les "déjà-vu" ?
Le film débute par une courte présentation des cinq compères.
Le "sentiment du juste" n''y est pas représenté en tant que tel. Et pourtant celui-ci est si fort sous les pavés de la technique juridique ...
Un film est donc un bon moyen d'expliquer à l'enfant l'émotion de justice
N'est-ce pas à première vue étrange que la "justice" soit en quelque sorte prise en charge par l'émotion de la colère ? et qu'elle soit associée à l'impartialité ?
Non, parce que pour un enfant, la justice n'existe pas, c'est l'injustice qui existe. Comme l'a si bien expliqué Serge Lebovici dans son article : "C'est pas juste"
Dès lors, l'enfant ne perçoit la justice que sous la forme réactive du contraire de l'injustice, l'injustice dont il se ressent comme la victime. De la même façon qu'il ne perçoit l’impartialité que sous la forme réactive de son contraire : la partialité, c'est-à-dire le fait d'être traité injustement par un tiers, d'être traité inégalement par celui qui va disposé de lui par rapport à son frère. C'est le plus grave pour un enfant.
Comme l'enfant est sans force, c'est alors sur le "cheval" de sa Colère que la justice et sa sœur jumelle, pour reprendre la formule de Jhering, peuvent prendre place.
Frison-Roche, M.-A., Le sentiment de justice et l'office du juge
V. aussi pour la littérature, Frison-Roche, M.-A., L’injustice racontée aux enfants. De la littérature au droit, in "L’avenir du droit" (Mélanges François Terré) ,1999.
Lebovici, S., C'est pas justice, in Baranès, W. et Frison-Roche, M.-A., La justice. L'obligation impossible
June 15, 2016
Thesaurus
Voir la bande-annonce de la série télévisée.
Voir l'appréciation de Robert Kardashian, avocat.
Voir l'appréciation de Mark Fuhrman, principal témoin à charge, qui refusa de témoigner. , puis témoigna longuement à la télévision après le verdict d'acquiesment dans le prolongement du livre qu'il publia.
Voir à l'inverse l'interview donnés par les acteurs.
L'entretien est présenté ainsi : "Two of the stars of FX's new true-crime drama "The People vs. O.J. Simpson" talk portraying real-life attorneys Robert Shapiro and Johnnie Cochran, and whether or not justice was served 20 years ago.".
Les acteurs sont interrogés sur leur capacité à restituer la réalité des personnes, par exemple Travolta pour Shapiro, personnes qui sont en outre encore vivantes.
On relève l'expression "true-crime drama" et le fait qu'il s'agit de savoir 20 ans après si la justice a été ou non satisfaite. C'est de cela que les acteurs discutent.
Seul le juge n'a donné aucune interview et n'a pas écrit de livre.
June 5, 2016
Law by Illustrations
Pour faire comprendre le Droit, l'on peut aussi partir des cas.
Pour faire comprendre un cas, l'on peut aussi partir d'un film racontant le cas.
En 1993, les États-Unis furent secoués par une affaire de meurtre atroce de trois enfants. On soupçonna trois adolescents. Ils furent condamnés en 1994, deux à la réclusion perpétuelle, le troisième à la peine de mort.
L'on peut consulter les pièces du dossier. , ou regarder des vidéos des lieux ou du procès, utilisés par les médias lors qu’après 18 ans de prisons les trois condamnés furent libérés, sans que pour autant leur innocence soit reconnue.
L'on peut regarder le documentaire que deux journalistes, convaincus de l'innocence des trois condamnés, ont réalisé en 2011 pour obtenir cette libération : Paradise lost.
L'on peut regarder la courte audience durant laquelle il fût exigé des trois condamnés qu'ils reconnaissent leur culpabilité pour être libérés, faute de quoi ils resteraient en prison leur vie entière, deal qu'ils acceptèrent.
L'on peut encore regarder le film qui reprend en 2014 le cas : Les trois crimes de West Memphis. Le détective privé y est joué par Colin Firth, Reese Witherspoon incarne la mère de l'un des enfants massacrés.
En contrepoint, l'on peut regarder les interviews que tout au long les personnes condamnées donnèrent à la télévision. En effet, personne ne sût s'ils étaient coupables ou innocents et l'on penche aujourd'hui plutôt pour la thèse de l'innocence ... L'on peut ainsi écouter le principal accusé des crimes qui explique deux ans après la condamnation, ou 18 ans après celle-ci, la destruction de sa vie par la justice de l'Arkansas, affirmant sans cesse son innocence et sollicité pour ce faire par les journalistes vedettes, comme Anderson Cooper.
Ce film est sorti en 2015.
Il montre parfaitement à la fois les imperfections, qui peuvent être terrible, de la justice pénale américaine, mais aussi les effets concrets d'une alliance entre le monde du cinéma et le monde judiciaire.
Lire l'analyse ci-dessous;
May 31, 2016
Thesaurus : Doctrine
Full reference: Florès-Longou, M. and Épinoux E. (ed.), La famille au cinéma. Regards juridiques et esthétiques ("Family in Cinema. Legal and Aesthetic Perspectives"), coll. "Droit & cinéma", Mare & Martin, 2016.
Read the forth of cover (in French)
Read the table of contents (in French)
Read the introduction of the book (in French)
Read the Marie-Anne Frison-Roche preface: Au coeur du droit, du cinéma et de la famille: la vie ("At the heart of Law, Cinema and Family: life") (in French).
May 31, 2016
Publications
Full reference : Frison-Roche, M.-A., Au cœur du Droit, du cinéma et de la famille : la vie ("At the heart of Law, Cinema and Family: Life"), preface of La famille au cinéma. Regards juridiques et esthétiques ("Family in Cinema. Legal and Aesthetic Perspectives"), Florès-Longou, M. and Épinoux E. (ed.), coll. "Droit & cinéma", Mare & Martin, 2016, p. 21-27.
Read a general presentation of the book
Read the working paper from which the article was written, containing some notes and a hundred links, especially towards film extracts.
Read the article (in French)
This introductive article, which constitutes the preface of the book, relies on approximatively one hundred movies to show that cinema does not stop to show legal situations and protagonists, even if "Family Law" seems to be less the darling child than the actors of the trial. We find the child, the mother and the father, the spouses and the engaged people. Often with the shape of drama, breaks and machinations and even murders, because it is like that that family appears on the screen. It is difficult to not fall asleep facing the peaceful happiness of happy families.
But why such a confluence between Cinema and Family Law?
Because both have a purpose: life.
Do not being anxious about family life, it is not understanding Family Law. And because Cinema take life itself as purpose, so when we want to learn Family Law, it is the path towards Cinema that we should take.
Updated: May 14, 2016 (Initial publication: Nov. 7, 2015)
Publications
This working paper served as a basis for the preface of the book: Magalie Flores-Lonjou and Estelle Épinoux (ed.), La famille au cinéma. Regards juridiques et esthétiques ("Family in Cinema. Legal and Aesthetic Perspectives"), pref. Marie-Anne Frison-Roche, coll. "Droit et Cinéma", Éditions Mare et Martin, 2016.
Since the transmission of the text, this working paper has been updated many times.
It contains links towards approximatively 90 movies which appears relevant to me for this topic.
April 21, 2016
Law by Illustrations
Avec le juge, l'avocat est le personnage chéri du cinéma. Le cinéma n'aime guère le notaire, encore moins l'huissier et ne se soucie pas du tout de l'officier d'état civil.
Quant à l'avocat, il et aimé, adoré même par le cinéma, qu'il défende le gentil ou l'ignoble. C'est même devant le Tribunal de Nuremberg ou en prenant gain et cause pour le parricide qu'il gagnera les cœurs des spectateurs. L'avocat est le chouchou des metteurs en scène, des spectateurs et sans doute des acteurs dont la robe noire est le plus fréquent est désormais le plus fréquent des costumes décalés.
Mais lorsque le prince des prétoires prête son talent et son intelligence au Droit des affaires, la froideur et la mesquinerie auxquelles le cinéma associe cette matière d'argent et d'intérêts recouvrent de poussière la mine de l'avocat devient grise. Plus d'orphelin à sauver, plus de cause grandeur, plus l'intérêt général à faire prévaloir !
Au guignol des personnages juridiques, l'avocat spécialisé en droit des assurance n'est-il pas le pire ? Toujours à contester le bon droit des victimes afin que la compagnie ne paye jamais, ou le plus tard possible ?
Pourtant, c'est bien de Maître Donovan, avocat d'assurance dont Steven Spielberg fît son héros dans Bridge of Spies, moment de l'Histoire mouvementée et glaciale entre les États-Unis et l'URSS, que les frères Coen ont animé pour qu'en 2015 les spectateurs prennent la mesure de ce qu'un avocat en assurances met faire pour son client.
Car défendre son client, même s'il est l'ennemi du pays de l'avocat, puis un autre être humain, puis l'ensemble des êtres humains qui composent la Nation de l'avocat, n'est-ce la noble nature de l'avocat ?
May 9, 1990
Thesaurus : 03. Conseil d'Etat