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âș RĂ©fĂ©rence complĂšte : M.-A. Frison-Roche, "Le droit processuel, modĂšle de l'Obligation de Compliance", in M.-A. Frison-Roche (dir.), L'obligation de Compliance, Journal of Regulation & Compliance (JoRC) et Dalloz, coll. "RĂ©gulations & Compliance", 2024, Ă paraĂźtre
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đlire une prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale de l'ouvrage, L'obligation de Compliance, dans lequel cet article est publiĂ©
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âș RĂ©sumĂ© de l'article : Des rĂ©flexions commencent Ă ĂȘtre disponibles pour dĂ©crire les relations Ă construire entre le Droit processuel et lâObligation de Compliance, ne serait-ce que pour rendre compte du contentieux Ă©mergent en matiĂšre de compliance, le Droit de la Compliance se juridictionnalisation. Mais cela ne nous apprend rien de spĂ©cifique car tout ce qui est happĂ© par un procĂšs est de ce fait mĂȘlĂ© de droit processuel.
Il apparaĂźt mĂȘme quâĂ premiĂšre vue le Droit de la Compliance nâengendre aucune obligation processuelle, puisquâil est conçu pour se dĂ©velopper en Ex Ante, Ă©vitant Ă l'entreprise le juge, la compliance by design devant perfectionner cet allĂ©gement, la prĂ©sence de tout procĂšs nâĂ©tant quâun Ă©chec, en soi et par les dĂ©lais et les incertitudes qui y soient par nature associĂ©s. C'est mĂȘme souvent dans l'espoir d'ĂȘtre Ă l'abri de tout procĂšs que les entreprises affirment pouvoir "se conformer" Ă toutes les rĂ©glementations, Ă tout instant, en tous lieux, Ă travers toutes les personnes dont elles rĂ©pondent. Cela est Ă©videmment impossible. Si cela Ă©tait, les entreprises seraient alors condamnĂ©es par avance Ă l'occasion de tous les procĂšs possibles, leurs sanctions Ă©tant demandĂ©es par chacun, procureur public ou procureur privĂ©. Mais c'est confondre Droit de la Compliance et la "conformitĂ©", laquelle n'est qu'un outil de cette nouvelle branche du Droit.
Il ne suffit pas de dire qu'il convient alors de respecter les droits de la défense et l'accÚs au juge, ce dont nul ne prétend, ou devrait prétendre, se défaire.
L'objet de cette étude est plus de mesurer en quoi le contentieux lorsqu'il porte sur le Droit de la Compliance, c'est-à -dire la charge pour les grandes entreprises de participer à la concrétisation de buts monumentaux en alliance avec les autorités étatiques, ce dont l'obligation de vigilance est la pointe avancée, est transformé de ce fait, créant des obligations processuelles non seulement nouvelles mais d'un nouveau type à la charge des uns comme des autres.
En effet, pour l'instant l'on admet comme Ă regret la logique processuelle, la prĂ©sence des juges, et non pas seulement des organes de poursuite (procureurs et collĂšges des AutoritĂ©s de rĂ©gulation et de supervision), et des avocats en dĂ©fense et non pas seulement en nĂ©gociation, pour respecter l'Etat de Droit, sorte de tribut que lâon verse, dose dâinefficacitĂ© dans lâefficacitĂ©, dressant alors les disciplines les unes contre les autres, ici le Droit dâun cĂŽtĂ©, lâEconomie et la Gestion de lâautre. Le plus souvent, on en reste lĂ , soit pour lâadmettre et faire un Ă©quilibre, soit pour le regretter et attendre de savoir quelle logique lâemportera, entre les droits et obligations processuels dâune part et les droits et obligations de compliance dâautre part.
Il convient au contraire de récuser cette logique de vases communicants.
En effet, le Droit de la Compliance est le prolongement du Droit de la RĂ©gulation, quâil dĂ©ploie au-delĂ des secteurs et des frontiĂšres, dont la normativitĂ© est ancrĂ©e dans les Buts Monumentaux fixĂ©s par les AutoritĂ©s politiques et publiques qui visent Ă ce quâĂ lâavenir les systĂšmes ne sâeffondrent pas, voire sâamĂ©liorent pour que les ĂȘtres humains qui en dĂ©pendent nâen soient pas broyĂ©s mais au contraire en bĂ©nĂ©ficient.
Il en rĂ©sulte un « contentieux systĂ©mique de la compliance » dont il rĂ©sulte des principes processuels spĂ©cifiques. Il convient tout dâabord de prĂ©ciser ce quâest une « cause systĂ©mique », notion que jâai proposĂ©e en 2021, et Ă laquelle correspondent les cas qui sont aujourdâhui portĂ©s devant les tribunaux. La spĂ©cificitĂ© de ces contentieux systĂ©miques Ă©mergents de compliance, qui sont des contentieux objectifs, proches de ce que connaĂźt le contentieux administratif, ce qui justifie notamment pleinement la prĂ©sence du ministĂšre public et pose la question de savoir sâil existerai un « juge naturel » de ce contentieux systĂ©mique de la compliance, ont des consĂ©quences processuelles majeures, notamment sur les droits et obligations processuels : notamment le droit dâĂȘtre partie Ă lâinstant, mĂȘme si lâon est partie au litige, ce qui est le cas des parties prenantes.
Il en rĂ©sulte une nouvelle alliance entre lâObligation de Compliance et le Droit processuel, qui engendre des obligations de compliance de nature processuelle au sein mĂȘme du Droit de la Compliance. Il convient en effet de ne plus scinder lâEx Ante et lâEx Post, mais dâemprunter des principes de compliance pour les insĂ©rer dans les procĂ©dures juridictionnelles, comme le conçoit le Haut Conseiller François Ancel (passage de lâEx Ante vers lâEx Post), tandis quâil convient dâinsĂ©rer des principes processuels dans les obligations de compliance au sein des entreprises (passage de lâEx Post vers lâEx Ante), comme lâa montrĂ© lâouvrage sur La Juridictionnalisation de la Compliance. Cela est particuliĂšrement illustrĂ© Ă propos de lâObligation de Vigilance, pointe avancĂ© de lâObligation de Compliance.
Cela est particuliĂšrement pertinent Ă propos de trois Obligations processuelles qui dĂ©sormais doivent structurer les obligations de compliance dans les comportements des entreprises et des parties concernĂ©es indĂ©pendamment mĂȘme de tout procĂšs, le juge Ă©ventuellement saisi devant vĂ©rifier leur accomplissement de part et d'autre et les favoriser, ce qui engendre pour lui un office Ex Ante : lâobligation de discuter (principe du contradictoire), lâobligation dâinformation (systĂšme probatoire) et lâobligation de dĂ©montrer (principe de la motivation).
Dans cette Ă©volution non seulement l'obligation processuelle de donner accĂšs, d'organiser des voies de recours, d'Ă©couter l'autre, obligation processuelle qui peut ĂȘtre rĂ©ciproque surtout lorsqu'il s'agit d'Ă©couter l'autre et de prendre en considĂ©ration ce qu'il dit, trace devant en ĂȘtre trouvĂ© dans la motivation (par exemple du plan de vigilance), l'obligation processuelle trouve alors sa nature profonde : le prototype de l'obligation de compliance.
Cette alliance change Ă la fois le Droit de la Compliance et le Droit processuel, puisque cela change plus largement lâoffice du juge, qui doit veiller Ă l'effectivitĂ© de ces obligations processuelles dans un continuum entre l'Ex Post et l'Ex Ante. Mais cette question de lâoffice du juge est lâobjet dâune contribution autonome.
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