🎬Droit et Cinéma
► Référence complète : M.-A. Frison-Roche., "🎬𝑰'𝒎 𝒚𝒐𝒖𝒓 𝒎𝒂𝒏 - une question à laquelle réponse est demandée : la loi doit-elle autoriser le mariage avec un robot humanoïde ?", billet 15 septembre 2024.
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Ce film allemand de 2021de Maria Schrader a reçu le Lion .. à la Nostra de Venise
Il est une fable sur l'intelligence artificielle dans notre société, maintenant et demain.
Dans une société du futur, d'un futur proche, une entreprise (on ne sait pas laquelle) propose à des humains de tester des robots humanoïdes pendant 3 semaines, comme "compagnon idéal", au terme duquel l'humain fournit un rapport pour formuler une opinion argumentée en répondant à la question suivante : Le législateur doit-il changer la loi pour admettre un mariage entre un humain et l'humanoïde.
La fable se déroule entre une femme, Alma, qui accepte de faire cette expérience. Elle n'est pas rémunérée et ne travaille pas dans l'I.A., elle travaille sur la culture perse et le déchiffrage de l'écriture cunéiforme. Son patron lui indique que si elle accepte l'expérience, des crédits seront sans doute débloqués pour permettre à son équipe de poursuivre ses recherches sur ce sujet-là. Il précise, en riant : "bien sûr, je ne cherche en rien à te corrompre".
Se présente donc le "compagnon idéal" réalisé selon ses goûts. Il a par exemple un accent britannique (elle est universitaire, elle apprécie la distinction d'un accent britannique, etc.)
Pendant 3 semaines, le robot parfait s'adapte, et elle a bien du mal mais trouve petit à petit qu'il est vraiment parfait, elle s'ouvre petit à petit.
Elle a beaucoup de soucis. Vit complètement seule. Son mari vient de la quitter pour une autre. Dont elle apprend qu'elle attend un enfant, tandis qu'elle a perdu un enfant jadis et n'en a jamais eu par la suite. Son père est atteint d'un Alzheimer en stade avancé et elle a bien du mal à l'aider.
Tandis que le robot, Tom, fait tout parfaitement, mais cela ne va jamais vraiment bien, puisqu'il ne sent pas, n'a pas froid, n'a pas faim, n'a pas peur. Il peut tout calculer, c'est commode. Elle se sent seule et veut arrêter car plus elle le voit et plus elle se sent à la fois seule et attirer par ce compagnon idéal qui lui appartient : I'm your man.
C'est vrai, c'est tentant.
A aucun moment, on ne voit ni ne parle de l'entreprise qui fabrique les algorithmes et les robots, qui sont manifestement au stade expérimental.
Elle rencontre dans la rue un homme qu'elle avait rencontré précédemment : il est juriste et tient à son bras une jeune fille, souriante, jolie, qui le regarde avec affection. Il lui dit : vous en êtes où ? Moi, j'ai été sollicité parce que je suis juriste. Pour donner une opinion juridique. Mais je suis si heureux ! Avant personne ne voulait de moi. Peut-être pour une histoire de pheromones ou pour mon physique (il est un peu gros) ou parce que j'ai 62 ans. Et maintenant je suis si heureux avec elle ! Je suis en train de négocier pour la garder toujours ! Je crois que je vais arriver à obtenir cela !"
Alma rend son rapport qui tient en quelques lignes : il est le compagnon parfait, qui peut pallier notre solitude, s'ajuster à nos désirs, répondre à tout. Mais notre condition humain est d'avoir des désirs qui ne sont pas comblés, d'avoir des questions sans réponse, d'aller de l'avant. Avec de tels robots, l'humain n'ira plus de l'avant. Il ne faut exclure totalement la possibilité de mariage entre des humains et des algorithmes à forme humaine.
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On peut mettre ce film dans la longue liste des films qui prennent ce thème essentiel.
Le film prophétique de Spielberg , Intelligence Artificiel où le robot joué par Jude Law est prostitué, où le robot principal est l'enfant tant désiré.
Le film Her où l'amour pour la suite algorithmique dont l'humain est amoureux choisit de s'ajuster plutôt à un autre algorithme.
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Prenons cela du côté du Droit
1. La question est celle du Législateur. La réponse est claire : c'est Non.
2. L'industrie est invisible : que peut le Législateur à l'égard d'une industrie que l'on ne voit pas, que l'on entend pas, qui n'écrit pas, dont les représentants ne sont eux-mêmes que des androïdes ?
3. La question expressément posée portait aussi sur l'éthique. Après, l'on n'a plus aucune discussion et aucune réponse : quand on n'a pas d'interlocuteur, il est difficile de formuler.
4. Le lien entre les savants et l'industrie est clairement posé ; il n'est pas choquant en soi
5. Le juriste, sollicité sur la dimension juridique, est celui qui l'aborde le mieux, celui qui veut garder la "jeune fille idéale", celui qui ne se pose aucune question éthique.
Juridiquement, c'est donc une très triste fable.
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