Pour que le commerce des mères et des enfants devienne l'ordinaire, pour que la fabrication industrielles des enfants sur commande se mette en place, que leurs mères les remettent à la naissance à ceux qui ont payé pour cela sans que plus personne ne disent rien, il faut imposer une chose : la disparition des mères.
C'est en marche.
Les mères sont en train de disparaître.
Cela n'est pas facile. Pour deux raisons.
En premier lieu, parce que la dégradation des femmes, la dégradation de ces êtres humains en purs et simples moyens de satisfaction du "désir d'être parent" d'êtres humains est difficile à accepter.
En second lieu, parce que depuis toujours, les enfants ont été engendrés par leur mère. Même si elles abandonnent à leur naissance, ils ont une mère. Le Code civil organise l'accouchement sous X mais l'enfant n'est pas "sans mère". La mère peut être "inconnue", voire masquée de par sa volonté, mais l'enfant a une mère. Pour développer sans aucune entrave l'industrie des enfants, les entreprises martèlent avec douceur que les enfants sont engendrés par des femmes "gestatrices" qui ne soient pas leurs mères. C'est une rupture anthropologique totale.
Pourquoi l'opérer ?
Pour l'argent.
La fabrication industrielle des enfants, fabriqués à la demande selon les indications précisées par celui qui en veut un, enfants délivrés dans le nombre voulu à la personne qui le requiert, quelque que soit la situation de celui qui a manifesté sa volonté d'être parenté (homme ou femme, seul ou non, jeune ou vieux, etc.), voilà l'industrie de l'avenir : l'industrie dans laquelle l'humain est la matière première. Comme celle-ci peut être produite sans fin, par l'engendrement industriel à base de collecte d'ovocytes et de ventes disponibles, l'argent va couler à flot.
Pour cela, il faut casser les "tabous". Un tabou est un Non. Et les Non, les entreprises veulent les éliminer, elles qui vendent du "toujours possibles". Mais les tabous sont gardés par le Droit.
Le tabou premier et ultime, c'est le tabou de l'inceste.
Comment les entreprises peuvent faire tomber la prohibition de l'inceste, afin d'arriver dans un monde où "tout serait possible", contre les honoraires à la hauteur du désir de la prestation convoitée, un monde où seule règnerait la "Loi du Désir" dont le droit ne serait plus que la forme d'effectivité, c'est-à-dire un monde dont la seule substance serait la Loi du Marché !footnote-488 ?
Surtout pas en affrontant le Législateur, qui garde les règles fondamentales blocant les volontés particulières, notamment par l'ordre public!footnote-489. Pour le submerger en douceur, il est efficace de faire parler les "innocents", car l'innocence est l'arme sophistique des entreprises, l'innocence des nouveaux-nés - qui ne peuvent "mal vouloir" et désormais l'innocence de ceux qui recourent à la GPA entre frère et sœur.
Mesurez comme cela est bien fait. Pas de grands mots, pas de concepts, pas de principes, que des jolies histoires de bonheurs et de joies. Par exemple, un homme raconte donc en janvier 2016 l'extraordinaire aventure par laquelle sa sœur lui a offert son enfant.
Lire ci-dessous l'analyse de ce récit et sa confrontation à la réalité d'un enfant engendré par un frère et sa sœur, conduisant à une revendication logique à l'effacement de la mère sauf au Droit à nier la prohibition de l'inceste.
My Sperm + Donor’s Egg + Suraiya’s Womb = BABY!"
Pourquoi est-ce si formidable si sa sœur est elle-même la mère de l'enfant ? Parce que c'est gratuit. Et il insiste sur l’altruisme que cela représente, puisque cet altruisme ne lui coûte rien et qu'il n'a pas les moyens de recourir à ce que l'on pourrait appeler un "ventre payant" (il n'est que paralegal, il n'est pas avocat)
"This plan was great for me because I’m not super rich and the traditional approach of the biological mother and surrogate being the same person was way too expensive for me. But by just paying for the egg and having an amazing sister willing to carry it altruistically, we managed to make it just about affordable for me. "
Il raconte ensuite comment il a pu acheter l'ovocyte sur Internet, ayant assez d'argent pour le faire puisque le ventre était gratuit. On remarquera dans le récit que c'est sa mère et son père qui ont choisi pour lui la donneuse, dans une démarche eugéniste, car lui il voulait juste une "jolie fille" , mais sa maman elle voulait plus de qualités (puisqu'ils ont décidé "en famille"). Tout l'argent arrive à une agence américaine opérant dans l'espace numérique, rémunérée par des honoraires.
I found a donor through an agency in the states that grants access to online profiles for a fee, containing medical history, pics and career and educational info. Choosing the right girl was a typically Indian family effort and we made the decision as a committee. To be honest I just wanted a pretty girl, my mum wanted an intelligent girl and my dad didn’t care who the hell she was as long as she had eggs (he’s the bouncing-knee-squidging-cheek type). In the end I reached a compromise in the form of ‘Ali’, an Anglo-Hispanic girl from Idaho, really cute and with a psychology degree. I arranged for my sperm to be shipped to a clinic in San Francisco using one of those nitrogen tubes that you expect to see in a sci-fi movie about clones. When the clinic received it, they fertilized the eggs and from that batch created an embryo. This was transferred into my sister and, to cut a long story long, went on to become a baby.
Et voilà comment il restitue le rôle de sa sœur :
My sister is, in every way possible, my hero.
"in every way possible" ?
Il met sur son blog la photo de l'être humain qu'est ce bébé dans le ventre de sa sœur qui n'est jamais appelé "mère", mais qui est bien la mère de cet enfant, dont le nom est mentionné sur le document d'échographie du bébé.
La sœur est la mère de l'enfant. Et le père s'en réjouit. Et les parents du frère et de la sœur, qui ont participé à la fabrication de l'enfant du frère et de la sœur, s'en réjouissent.
Comment peuvent-ils le supporter ? Le lecteur peut-il le supporter ?
Cela est fait pour que le lecteur, pour le supporter disqualifier implicitement la réalité. En effet, ce récit ne devient audible, lisible, énonçable que si et seulement si :
que si et seulement si l'on dit que cet homme était déjà père avant que l'enfant ne soit pas fabriqué....
que si et seulement si l'on dit que la mère n'est pas la mère ...
Mais nous savons bien que les deux affirmations sont fausses, et que cette histoire est terrifiante. Elle est ici recouverte de sucre et de rose-bonbon. pour le masquer.
Pourquoi diffuser une telle histoire, présentée comme un merveilleux happy ending ?
C'est pour obliger le Droit à effacer les mère, seule solution juridique pour sauver la prohibition de l'inceste. Est ainsi construit un "choix" qui est un piège pour effacer les mères.
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