Dec. 1, 2011

Teachings : Law and Literature, Literature and Law

Enseignement : Littérature et Droit

Livret de cours

by Marie-Anne Frison-Roche

Descriptif du cours

La littérature se définit usuellement comme l’ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique. Le droit quant à lui se définit comme l’ensemble des institutions, règles et décisions ayant une portée normative sur les personnes vivant en société.

L’enseignement Littérature et droit  est courant dans les universités anglaises et nord-américaines. Il est peu fréquent en France. Cela est étonnant pour un pays qui se définit par sa littérature et dont le Code civil fut le chef d’œuvre politique, livre de chevet de Stendhal dans le même temps. Peut-être est-ce que le conflit des Facultés, ou l’indifférence des Facultés entre elles, hypothèse pire, contribue à cette situation.

Il demeure que la littérature et le droit ont en commun la langue. Cela suffit pour que l’on pense à les rapprocher, mais aussi à les penser en ordres différents dès l’instant que la langue utilisée n’est pas la même, français ou anglais, présent ou futur, par exemple. De la même façon, le droit a des personnages, des histoires, des rebondissements. Plus encore, le droit se reconnait à un style qui croise le style littéraire et s’en distingue.

Mais la littérature et le droit sont aussi deux systèmes différents, parce que la littérature n’est pas normative, alors que le droit est ordre, « acte de langage ». Ainsi, la distinction paraît aisée. Pourtant, le droit se penche sur la littérature, la protège, la récompense : la propriété littéraire et artistique, victoire de Beaumarchais, est une conception ignorée du monde anglais, dans la conception qu’en développe la France. Dès lors, dans quelle mesure le droit peut-il avancer sur un terrain qui n’est pas le sien ? Etablir le beau ? Juger du beau ? De la même façon, la littérature peut-elle être une barrière que l’on peut opposer au droit, permettre de dire tout et n’importe quoi en se drapant dans la littérature, tenant par exemple des discours de haine, d’obscénité, etc.

Les séminaires ont pour objet de soulever ses questions essentielles et générales, en s’appuyant sur des cas particuliers. A l’inverse, dans une méthode alternée, certaines séances porteront sur des œuvres particulières, françaises ou étrangères. A partir d’une œuvre particulière, soit parce qu’elle porte sur un évènement juridique (un procès, un contrat, une succession, etc.), soit parce qu’elle met en scène un personnage juridique (un juge, un plaideur, un législateur), une réflexion plus générale en résulte.

 

 

Mode de validation

 

L’enseignement donne lieu à un contrôle continu. Il correspond à 60% de la note  Il est complété par un examen terminal. Celui-ci prend la forme d’une dissertation à choisir parmi deux sujets. Il correspond à 40% de la note globale.

 

Charge de travail

 

Préparation des conférences, supposant la préparation générale du thème chaque semaine et exécution personnelle de travaux demandés. Cela correspond à deux exercices oraux sur l’ensemble du semestre. Les notes de préparation sont ramassées.

L’élève doit faire  des recherches et des lectures par lui-même.

 

 

Format pédagogique

 

Les séminaires sont hebdomadaires, d’une durée de deux heures. Ils prennent la forme d’un thème, qui par alternance, soit est construit sur une problématique, générale, soit s’appuie sur une œuvre particulière.

Les élèves doivent préparer chacun des thèmes abordés en séminaire et la séance commence par l’exposé, avant la reprise du thème par les professeurs. Certains thèmes peuvent justifier la venue d’un intervenant extérieur.

Suivant les thèmes, il est possible que le sujet ait été travaillé par avance sur le site www.mafr.fr, dans la rubrique pédagogique ad hoc.

 

Construction détaillée des séances du séminaire

 

Sont ci-dessous proposés aux élèves une série de sujets, soit généraux, soit particuliers. Il est conseillé que l’exercice soit fait à deux. Lorsque le sujet ci-dessous est en caractères gras, il fait partie des sujets devant obligatoirement être traités au cours du semestre, s’il ne l’est pas, les étudiants peuvent choisir parmi eux, les sujets proposés étant plus nombreux que le nombre des séances.

 

  1. Séance d’introduction. Problématique générale présentée par les professeurs. Méthodologie. Répartition des travaux. Arrêt du calendrier.
  2. Littérature et droit, discipline à part entière aux Etats-Unis (participation d’un intervenant extérieur)
  3. La reconstitution de la réalité dans la littérature et dans le droit
  4. Le style littéraire et le style juridique (participation d’un intervenant extérieur)
  5. L’art législatif
  6. Civil Law  et Common Law : deux styles d’écritures juridiques, en correspondance avec deux constructions politiques
  7. Les fictions juridiques : la littérature peut-elle se définir par la fiction, le droit peut-il s’en passer ?
  8. Le procès d’Emma Bovary 
  9. La notion de « Livre sacré »
  10. L’allégorie en littérature et en droit
  11. Souvenirs de la maison des morts
  12. Œuvres littéraires, œuvres politiques face au droit : le cas Brazillac (participation d’un intervenant extérieur)
  13. Les figures de style en littérature et en droit (euphémisme, métonymie, pléonasme, oxymore)
  14. Le cas Céline
  15. Les bienveillantes (participation d’un intervenant extérieur)
  16. La méthode juridictionnelle mise en œuvre dans Le marchand de Venise
  17. Le Droit peut-il poser le Beau ? ; le droit peut-il juger du Beau ?
  18. La séquestrée de Poitiers
  19. La place de la vérité en littérature et en droit
  20. L’auteur
  21. La notion même de « droit de l’art »
  22. Le Code civil comme œuvre littéraire
  23. Antigone et Créon, figures tragiques du droit : les mythes littéraires du droit
  24. Des points juridiques dans l’œuvre de Balzac
  25. Truman Capote, De sang froid 
  26. Hannah Arendt, Eichmann à Jerusalem

 

 

Lectures principales demandées

La liste des ouvrages ci-dessous concerne la problématique générale. Il va de soi que les oeuvres littéraires sur lesquelles les séances particulières peuvent porter doivent avoir été lues préalablement.

  • CARDOZO, Benjamin, Law and Literature, Yales Review, vol.14, 1925.
  • FRISON-ROCHE, Marie-Anne, l’[injustice racontée aux enfants->http://www.mafr.fr/spip.php?article642]. De la littérature au droit, in L’avenir du droit, Mélanges en hommage à François Terré, Dalloz/Puf/Editions du Juris-Classeur, 1999, pp.199-208.
  • GERARD, Philippe, OST, François, VAN DE KERCHOVE, Michel, VAN EYNDE, Laurent, Lettres et lois, le droit au miroir de la littérature, Publication des facultés universitaires Saint-Louis, Bruxelles, 2001, 400 p.
  • LEVINSON, Sanford, Law as Literature, Texas Law Review, Vol. 60, n°3, march 1982
  • MALAURIE, Philippe, Droit et littérature, Cujas, Paris, 1997.
  • MICHAUD, Françoise, [Le mouvement « Droit et Littérature » aux Etats-Unis->http://www.mafr.fr/spip.php?article2699], in  Mélanges Paul Amselek, Bruxelles, Bruylant, 2005, pp.566-592.
  • POSNER, Richard, Droit et littérature (traduction française), coll. "Droit, Ethique et Société", PUF, 1996, 456 p.
  • SLAMA, Alain-Gérard, Littérature et Droit, Académie des sciences morale et politiques, 2010.

 

Lectures complémentaires

  • BARON, Jane, Law, Literature and the Problem of Interdisciplinarity, Yales Law Journal, vol.108, 1999, pp.1059-1085.
  • CARBONNIER, Jean, Les incertitudes du jeune Saxon. Une autofiction de Jean Carbonnier, LexisNexis, Paris, 2012, 133 p.
  • COTE, Pierre-André, Le mot « chien » n’aboie pas : réflexion sur la matérialité de la loi, in Mélanges Paul Amselek, Bruxelles, Bruylant, 2005, pp.279-296.
  • GAUTIER, Pierre-Yves, Eloges du rhéteur portrait et aphorismes), in L’avenir du droit, Mélanges en hommage à François Terré, Dalloz/Puf/Editions du Juris-Classeur, 1999, pp.177-197.
  • MATHIEU-CASTELLANI, [La scène judiciaire de l\\\\\\\'autobiographie->http://www.mafr.fr/spip.php?article2687], coll. "écriture", PUF, 1996, 225 p.
  • OST, François, Raconter la loi, éd. Odile Jacob, 2004, 405 p. 
  • OST, François, Sade et la Loi, éd.Odile jacob, 2005, 324 p.
  • TIMSIT, Gérard,  Théorie des actes de langage, éthique et droit, PUF.
  • VAN HOECKE,M,  Law as communication, Mart Publishing, 2002, 240 p.

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