Le cinéma est un art populaire nouveau mais qui ne se détache pas de ce qui l’a précédé. Gilles Deleuze l’a montré dans son cours consacré au cinéma, qu'il a rattaché à la notion de durée, à travers notamment les travaux de Bergson. En tant que le film intègre la durée, forme particulière du temps, celui-ci va reproduire davantage des phénomènes qui se déroulent dans la durée, voire dans des séquences, comme une procédure judiciaire.
Par ailleurs, le film est une création personnelle et constitue une œuvre de fiction. Il prend donc distance par rapport à la réalité. Or, le droit établit cette même distance, puisqu’il se définit comme un artefact, en raison de sa puissance normative, ainsi que l’a souligné Carbonnier. En outre, le droit se met en scène. Ainsi, dans
Surveiller et punir, les premiers paragraphes de l’ouvrage de Foucault portent sur l’exécution publique de celui qui tenta d’assassiner Louis XV : le droit se met en images spectaculaires, souvent sanglantes et dramatiques. C’est de plus en plus le cas. Les audiences des Cours suprêmes deviennent publiques via leur site Internet et les procès « historiques » sont filmés, voire reconstitués au cinéma.
D’un autre côté, bien que composé d’œuvres de fiction, le cinéma reflète une société et donne celle-ci à voir, au sens premier du terme, puisqu’il la met en image. Cela sera d’autant plus facile lorsque le droit lui-même est imagé. C’est pourquoi les films rencontrent le droit principalement à travers le procès, scène juridique de spectacle, de gestes et de paroles, davantage qu’à travers les mécanismes d’engagement, comme le contrat, ou ceux par lesquels la famille s'organise. On trouve certes de nombreux films sur celle-ci, mais le droit y a souvent peu de place, sans doute parce que dans la vie le droit a également la part congrue dans la vie familiale.
Ainsi, la société juridique s’insinue dans le cinéma, soit parce que le film choisit un thème juridique, voire un cas (Omar m’a tuer), soit parce que les mécanismes juridiques du moment dans un groupe social donné affleurent. Ainsi, lorsqu'on regarde un film, on ne sait si l'on regarde la "réalité" ou une "œuvre de l'esprit", tant la notion de "documentaire" est floue.
Plus encore, le cinéma restitue une profondeur, un sorte de "juridicité » des sociétés : par exemple, regarder les westerns permet de comprendre le droit constitutionnel de porter une arme aux États-Unis. En outre, la technicité du droit ne peut être très élevée dans certains films, comme on peut l’observer dans des séries récentes, comme West Wing, Damages ou The good Wife (ce dont on ne trouve guère l’équivalent en France, à part Engrenage, feuilleton d'inspiration nord-américaine) qu'en raison du fait que la société nord-américaine est imprégnée de culture juridique et judiciaire.
Reprenant l’affirmation de Savigny, fondateur de l’ École historique du droit, selon laquelle le droit exprime l’esprit d’un peuple, on peut songer qu’il en est de même des représentations que les cinémas nationaux font du droit, exprimant à travers cela leur propre esprit juridique, plus ou moins conscient.
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Mode de validation
L’enseignement donne lieu à un contrôle continu.
Le travail de préparation des séances et le travail en séance (exposé, participation) correspond à 60% de la note.
Il est complété par un contrôle de fin de semestre, dont la note correspond à 40% de la note globale.
Celui-ci prend la forme d’une dissertation à faire sur table, en deux heures, lors de la douzième séance. Le sujet à traiter est à choisir parmi deux sujets.
Le travail est fait sur papier libre. L’usage d'un ordinateur n’est pas autorisé.
Au choix de l'étudiant, le devoir est rédigé en français ou en anglais.
Il peut être utilise de consulter les
annales de sujets.
Ce travail sur table doit être fait sans documentation extérieure.
Il est conseillé aux étudiants de structurer leur travail et d’appuyer leurs propos notamment sur les films qui ont été analysés lors des séances successives, ainsi que sur tous les autres films qu’ils connaissent, ce type de références pouvant être croisées avec des connaissances et renvois juridiques, sociologiques, politiques, philosophiques, anthropologiques, historiques, etc.
Charge de travail
La préparation des conférences suppose la préparation générale du thème chaque semaine et l’exécution personnelle de travaux demandés.
Il est possible de traiter un
thème à travers une filmographie, par exemple celui de la famille, mais il est préférable, parce que plus facile, de prendre plutôt un film, et de l'analyser directement en regardant ce qu'il nous apprend sur le droit, sur le rapport entre le droit et autre chose. C'est pourquoi il est demandé aux étudiants de voir des films avec ce regard-là.
Cela correspond à un exposé oral du thème de la séance, exposé à deux, voire exceptionnellement à trois, étudiants. Les fiches de préparation des séances peuvent être ramassées ou spontanément remises. Elles sont alors corrigées et quand cela est possible notées.
L’étudiant doit faire des recherches, voir des films et faire des lectures par lui-même.
Il convient de choisir parmi un
Florilège de films, car il convient de voir des films, et de divers genres, plutôt que de lire à propos de ceux-ci.
Format pédagogique
Les séminaires sont hebdomadaires, d’une durée de deux heures. Ils prennent la forme d’un thème, qui est construit sur un film, sur lequel il s’agit d’élaborer une problématique, soit celle expressément attachée à la séance, soit tirée de celle-ci par l'étudiant.
Chaque étudiant doit avoir vu le film, lle plus souvent disponible à la DVDthèque de Sciences Po.
Chaque étudiant doit avoir fait une fiche écrite d’une page sur ce qu’il a pu penser du film au regard du croisement entre le droit et le cinéma. Il n'est pas demandé davantage, notamment pas de connaissances juridiques exhaustive ou spécialisées : il ne s'agit pas d'un séminaire de propriété littéraire et artistique.
Chaque séance commence par un exposé élaboré et fait par deux étudiant, avant la reprise du thème par le professeur.
Certains thèmes peuvent justifier la venue d’un intervenant extérieur.
En raison de l'intimité des différents arts de consulter la rubrique
Droit illustré du site MAFR.
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Construction détaillée des séances du séminaire
1. Séance d’introduction. Problématique générale présentée par le professeur : Droit, littérature, cinéma.
Méthodologie. Présentation des travaux. Arrêt du calendrier.
Choix par les étudiants de 11 thèmes parmi ceux proposés par une trentaine de
films sélectionnés par avance., chacun des films ayant été présenté par le professeur.
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Visionnages et lectures conseillés
Il n’est pas spécialement demandé de lectures.
L'essentiel est plutôt de voir des films. Il est conseillé d’en voir le plus possible, les plus variés possibles. Au minimum, il faut avoir vu préalablement chacun des films mentionnés pour chacune des séances.
Tous les autres films sont bienvenus. La lecture d’ouvrages sur le cinéma peut l’être également. Par extension, certains travaux sur les rapports entre le droit et la littérature, et certains ouvrages portant sur les rapports entre la littérature et le cinéma, peuvent être consultés, l’étudiant en tirant alors partie au regard des deux termes du triptyque, et ce d’autant plus que de nombreux films sont des adaptations de livres, de pièces de théâtres ou d’opéras.
Une bibliographie de base et approfondie peut être consultée.
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