đŽDans l'ouvrage disponible au 1ier septembre 2022 sur đđłđđ đ©đđđ đŽđđđđđđđđđđ đ
đ đđ đȘđđđđđđđđđ, paraissant dans la collection RĂ©gulations & Compliance coĂ©ditĂ©e par le Journal of Regulation & Compliance et Dalloz, qu'en est-il des points de contacts avec la raison d'ĂȘtre des entreprises ?
Et s'il y a de tels points de contacts, ce dont on pourrait se réjouir, que reste-t-il alors du Droit classique des sociétés, qui semble construit sur de tout autres bases ?
Le Droit de la Compliance, comme le fßt le Droit financier, renouvelant alors complétement le Droit des sociétés, parce qu'il y intÚgre les Buts Monumentaux par lesquels il se définit.
đŽđđđđ, đ Les Buts Monumentaux, cĆur battant du Droit de la Compliance, 2022
C'est Ă ce triangle de questions, Bermudes pour lequel il faut du courage, que s'est attaquĂ©e Anne-valĂ©rie Le Fur dans sa remarquable contribution Ă l'ouvrage : đ IntĂ©rĂȘt et raison dâĂȘtre de lâentreprise : quelle articulation avec les buts monumentaux de la compliance ?
Elle y analyse la façon dont le Droit de la Compliance renouvelle le Droit des sociĂ©tĂ©s en lui donnant une cohĂ©rence nouvelle, notamment par rapport Ă l'impĂ©ratif de "gouvernance", notion relativement peu juridique, et Ă la notion de "raison d'ĂȘtre" que la loi dite Pacte a fait plus nettement entrer dans l'Ordre juridique.
Comme le rĂ©sume l'auteur, la question ouverte est celle de savoir si "les sociĂ©tĂ©s auraient une Ăąme...", le lĂ©gislateur le pensant puisque la loi dite Pacte du 22 mai 2019 oblige les dirigeants Ă agir dans un intĂ©rĂȘt social, englobant autrui et permet aux sociĂ©tĂ©s de se doter d'une raison d'ĂȘtre. Quant au droit de la compliance, il compte sur les entreprises pour sauver le monde de la corruption, de lâesclavage, du terrorisme, du rĂ©chauffement climatiqueâŠ, pour atteindre ainsi des buts monumentaux.
L'auteur montre que de prime abord, les contours de lâintĂ©rĂȘt social et de la raison dâĂȘtre ne sont guĂšre Ă©loignĂ©s des đ©đđđ đŽđđđđđđđđđđ đ
đ đđ đȘđđđđđđđđđ. GuĂšre surprenant, puisque lâobjectif qui a prĂ©sidĂ© Ă leur introduction dans le Code civil est le mĂȘme que celui sous-jacent au droit de la compliance : repenser la place de lâentreprise dans la sociĂ©tĂ©, en affirmant des valeurs ou des prĂ©occupations de long terme. VoilĂ donc une raison de faire appel Ă ces notions du droit des sociĂ©tĂ©s dans le cadre dâune radioscopie de la notion mĂȘme de buts monumentaux.
Or, une premiĂšre approche, comparative, sâavĂšre dĂ©cevante. Les divergences entre les notions sociĂ©taires et la compliance conduisent Ă considĂ©rer que le droit des sociĂ©tĂ©s nâa pas vocation Ă imposer autre chose quâun ordre public sociĂ©taire. Notions plus philosophiques que juridiques, intĂ©rĂȘt social et raison dâĂȘtre se voient attribuer des fonctions qui limitent leur portĂ©e. LâimpĂ©rativitĂ© des rĂšgles sociĂ©taires, et câest une consĂ©quence de ce qui prĂ©cĂšde, nâest pas comparable avec celle de la compliance : incertaine, elle est Ă©galement relative lorsque quâon la compare avec la « violence » des rĂšgles de compliance. Lâimpact des notions dâintĂ©rĂȘt social et de raison dâĂȘtre reste donc principalement interne Ă la sociĂ©tĂ©.
Mais l'autre montre que selon une seconde approche, il nâest pas exclu quâintĂ©rĂȘt social et raison dâĂȘtre- autorisent une meilleure apprĂ©hension de valeurs supĂ©rieures et universelles par le droit des sociĂ©tĂ©s. LâintĂ©rĂȘt social peut intĂ©grer les buts monumentaux de la compliance tandis que la raison dâĂȘtre peut constituer une perspective de rĂ©alisation de ces buts.
Lâenjeu nâest pas des moindres : lorsque lâintĂ©rĂȘt de la sociĂ©tĂ©, en tant que personne morale et agent Ă©conomique autonome, rejoint les buts monumentaux, on dĂ©multiplie les moyens dâatteindre ceux-ci en les internalisant dans toutes les sociĂ©tĂ©s, et pas seulement celles de grande taille. Reste quâen dĂ©pit de toutes les bonnes intentions, une sociĂ©tĂ© n'est gouvernable que si la boussole ne devient pas une girouette insaisissable et indĂ©cise ; en dâautres termes, si la sĂ©curitĂ© juridique est respectĂ©e. Câest pourquoi, un ordonnancement juridique des notions en prĂ©sence sâimpose, ce qui conduit in fine Ă suggĂ©rer leur domaine, leur contenu et leur portĂ©e.
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Cet article pose une question générale à propos du Droit de la Compliance : celui-ci a un effet indéniablement perturbant, éventuellement destructeur. L'auteur le montre parfaitement pour le Droit des sociétés. Comme elle le conclut, si on ne connait pas d'une façon nette et claire le but d'une telle perturbation, alors cela justifie une critique, parce que la force apportée ne sera pas "créatrice", pour reprendre ce concept et l'image utilisée de la "girouette" plutÎt que de la "boussole" est pleinement justifiée.
Ce qui est ici démontré pour le Droit des sociétés s'applique aussi pour le Droit pénal ou pour le Droit international public (branches du Droit également examinées dans l'ouvrage).
L'enjeu pratique est donc bien celui de fixer clairement et simplement une telle boussole, avant tout constituĂ©e par une dĂ©finition simple et substantielle du Droit de la Compliance : đŽđđđđ, đLe Droit de la Compliance, 2016.
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