Updated: Jan. 29, 2012 (Initial publication: Jan. 25, 2012)

Teachings : Law and Literature, Literature and Law

Enseignement : Littérature et Droit

1ier cours : Présentation générale de la matière

by Marie-Anne Frison-Roche

La première séance a pour objet d’organiser l’ensemble du semestre. Il a aussi pour fonction d’expliciter les grandes et petites questions qui occupent ceux qui analysent les rapports entre Littérature et Droit. Un premier aperçu en est donc donné par les enseignants.

 

 

© mafr

 

 

Le mouvement Law and Litterature  est venu des Etats-Unis. On peut en être étonné, parce que c'est la France avant tout qui est le pays de la littérature et l'on pourrait pu y voir naître un mouvement "Littérature et droit", mais rien de semblable n'advînt.  

Cela s'explique par plusieurs façons et cela a plusieurs effets.

Cela s'explique parce qu'au XIXième siècle, les nord-américains ont voulu "dévoilé" ce qui amène les juges, particulièrement les tout puissants juges de la Cour suprême, à prendre une décision dans un sens plutôt que dans un autre et à présenter la façon dont ils rattachent leur choix à une règle, à un précédent. En cela, la littérature (comme l'économie et la sociologie) expliquent la façon de procéder du juge, sa façon de raconter, la diversité des solutions suivant la diversité des histoires, l'importance des faits.

Le lecteur est présent, c'est tout à la fois le plaideur, le groupe social et les professeurs, naturellement critiques.

Cela a pour conséquence qu'on ne peut pas retrouver ce mouvement en Europe continentale et surtout pas en France, du même dans son fonctionnement traditionnel.

En effet, le mouvement Law and Litterature  s'intéresse avant tout au droit et non à la littérature. Les deux parts ne sont pas égales et donc ce "pays de la littérature" qu'est la France n'est pas particulièrement sensible à un tel mouvement, ce d'autant moins qu'il est davantage un pays d'Etat qu'un pays de droit.

Plus encore, le mouvement Law and Litterature  tourne autour du juge. Or, en France, le personnage essentiel est le législateur. C'est par rapport à celui-ci que le juge, personnage falôt, s'ajuste. Ainsi, le jugement est un syllogisme. Le plaideur n'y a pas sa place, ni le groupe social, ni l'Université. Donc, le mouvement Law and Litterature  ne peut se traduire en France.

Cela signifie que si en France se met à se construire un mouvement "Littérature et Droit", les présupposés en seront nécessairement complètement différents de ceux du mouvement Law and Litterature.

1. Les deux termes seront à égalité, voire au bénéfice de la littérature, car la France s'exprime toute entière dans sa langue.

2. La réflexion portera sur le personnage aussi du législateur, du contractant.

3. La question pragmatique essentielle sera posée : la littérature n'a pas de finalité, mais le droit est un instrument. Dès l'instant qu'on les rapproche à égalité et non pas image, quelle serait l'utilité d'un tel  mouvement "savant" ?

4. Ce qui vaut pour la différence entre les Etats-Unis et la France vaut-il pour les autres pays et continents, par exemple l'Asie, dans lequel le droit ne s'exprime que par l'Etat dans sa puissance ?

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