L’injustice racontée aux enfants. De la littérature au droit, in "L’avenir du droit" (Mélanges François Terré)

L'article s'appuie sur une nouvelle de Marcel Aymé : "A et B".

Un professeur de français a en charge tout à la fois des élèves de troisième, d'une classe A (qui font du latin) et du classe B (qui n'en font pas). Dans cette classe-ci, un mauvais élève, Salignon est mal vu par lui, en tant qu'il est mauvais élève et non-latiniste.  Un caoutchou est mis à brûler sur le poêle et le professeur accuse immédiatement Salignon. Celui-ci est scandalisé et proteste. Pourtant, il a bien commis ce petit méfait, mais il proteste contre l'injustice d'être accusé sans preuve, uniquement parce qu'il n'est que de la classe B et qu'il n'est pas bon élève. Il forme donc "comme un recours" en allant chercher le principal. Le professeur se défend, en brisant sa position difficile du fait de l'absence totale de preuve autre que ses propres préjugés et affirme que toute la classe B a comploté contre lui. Le complot est l'arme rhétorique qui avale tout argument contraire. Le principal double en conséquence la punition.  Toute la classe des B se souda et le lycée entra en révolution entre les élèves et entre élèves et professeurs.

Marcel Aymé écrit : "Salignon ... était humilié dans un sentiment formaliste de la justice : rendu a priori, le jugement n'était pas conforme aux apparences qui l'absolvaient formellement".

Ce conte pour enfant est une parfaite illustration de "Littérature et droit".