Un peintre pratiquant le street art est connu pour peindre sur les murs et tous autres supports urbains des chats jaunes;
De gros, pacifiques et sympathiques chats jaunes.
Mais le statut juridique du street art est bien incertain. Or, tant qu'un phénomène n'est pas entré dans une catégorie établie par le système juridique, par la technique de la "qualification", le phénomène est comme en errance dans le système juridique.
Ainsi, là où la critique voit de l'art, parce que la locution utilise non seulement le mot art , mais encore le mot street , le droit s'accroche à ce terme-ci, pour qualifier le fait comme une dégradation.
Cela ne dérange guère les artistes, indifférents au fait que leur "travail", "oeuvre", "chose", soit effacé. L'éphémère est le lot du street art. Cela chagrine davantage les municipalités ou les entreprises qui supportent le coût du nettoyage.
C'est pourquoi la RATP en a eu assez de payer (et de devoir répercuter sur le coût du billet ou le montant des subventions publiques) les nettoyages. Elle est donc à l'origine des poursuites pénales contre celui-ci qui a dessiné ces gros chats jaunes sur les murs du métro parisien.
Lorsque le Tribunal correctionnel de Paris a déclaré par jugement du 29 octobre 2014 ces poursuites irrecevables, pour vice de procédure, il a reçu l'approbation publique.
Pourquoi ?
Sans doute parce que l'artiste est célèbre et ses chats par ailleurs exposés dans des galeries. Mais aussi parce que le chat est en train de devenir un animal "intouchable", animal préféré d'Internet, Internet sur lequel les internautes trouvent "évidente" la reconnaissance en train de se faire de l'animal comme "être sensible" par une loi nouvelle.
Prêtons aussi attention à ce qu'a dit le peintre poursuivi, Thoma Vuille : "je suis terrifié par le procès. Je suis un peintre, je peins et puis c'est tout. Mon grand-père était peintre en bâtiment, mon père est maçon. Peindre sur les murs c'est pas un délit dans ma famille.".
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Certes, le Tribunal n'est pas entré en voie de condamnation parce que l'acte de poursuite était atteint d'un vice de forme. Mais comme le soulignait l'avocat de l'artiste, une condamnation n'était pas "concevable".
Pourquoi ?
Les éléments du délit étaient pourtant bien constitués.
Mais le street art est en train de prendre ses lettres de noblesse, voire de régner sur le marché de l'art. L'on commence à vouloir pérenniser ces oeuvres que la pluie emporte. L'on commence à vouloir mettre un "auteur" sur ces oeuvres sans auteur. Banksy est au street art ce que Jack l'Eventreur est au massacre en série : un auteur sans visage, peut-être un collectif, un masque dans une économie de la notoriété
Dès lors, condamner pour ce qui apporte de la valeur ?
En outre, ce sont des gros chats jaunes. Pas de polémiques sur un caractère pornographique ou violents ou haineux, justes de gros chats jaunes.
N'entrons-nous pas dans une société où l'on ne touche pas aux chats ?
Sur le traitement que Bansky lui-même en fait, voir par exemple le générique des Simpsons fait par Bansky.
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