6 mai 2024

Newsletter MAFR - Law, Compliance, Regulation

📧Pourquoi approuver les "puissances privĂ©es"? Pour mieux servir les droits humains grĂące au Droit de la Compliance

par Marie-Anne Frison-Roche

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â–ș RĂ©fĂ©rence complĂšte : M.-A. Frison-Roche, "Pourquoi approuver les "puissances privĂ©es"? Pour mieux servir les droits humains grĂące au Droit de la Compliance", Newsletter MAFR Law, Compliance, Regulation, 6 mai 2024

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đŸ§±Compliance, notamment Vigilance, ont besoin de puissance : c'est pour cela que les grandes entreprises y sont assujetties

Dans l'ouvrage dirigĂ© par J.Andriantsimbazovina, 📗Puissances privĂ©es et droits de l'Homme. Essai d'analyse juridique, la perspective est assez souvent d'opposer la puissance publique de l'État, lĂ©gitime et vertueuse, et les puissances privĂ©es, Ă©goĂŻstes et nĂ©fastes.

Sans discuter cette cosmogonie, le Droit de la Compliance repose en tout cas sur l'idĂ©e selon laquelle cette branche du Droit vise Ă  prĂ©server les systĂšmes de risques, en les rendant durables et habitables par les ĂȘtres humains : pour que ces Buts Monumentaux soient accessibles, il faut viser des sujets de Droit qui disposent de la puissance requise pour dĂ©velopper les efforts nĂ©cessaires. Ce sont les "puissances privĂ©es", sur lesquelles aujourd'hui, de fait et de Droit, nous comptons notamment si nous nous soucions des autrui lointains dans l'espace et dans le temps.

Cela ne signifie en rien que ces puissances privées écartent la puissance publique, puisque d'une part ce sont le Politique et les Autorités publiques qui fixent la teneur des Buts Monumentaux, et d'autre part ces autorités qui supervisent les entreprises. Mais celles-ci choisissent les moyens les plus adéquats pour remplir cette charge, obligation de moyens dont elles rendent compte.

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📧lire l'article publiĂ© le 6 mai 2024 dans la Newsletter MAFR - Law, Compliance, Regulation â€”

L'habitude d'opposer la "puissance publique", adossĂ©e Ă  l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, et les "puissances privĂ©es", mues par leurs seuls intĂ©rĂȘts.

Si l’on suit la tradition du Droit l’on associera la puissance Ă  une source lĂ©gitime qu’est l’État, la puissance publique Ă©tant son apanage, les entreprises n’exerçant leur puissance que dans l’ombre portĂ©e de cette puissance Ex Ante. À l’inverse la trivialitĂ© du Droit Ă©conomique, dont le Droit de la concurrence serait le cƓur, consistant Ă  partir de l’activitĂ© des entreprises qui utilisent leurs puissances sur des marchĂ©s, relĂšguent l’action de l’État au rang d’exception, admissible si celui-ci, qui prĂ©tend exercer cette puissance contraire, le justifie. La distribution des rĂŽles est donc symĂ©trique, en ce que les places sont Ă©changĂ©es, mais le modĂšle de l’opposition est partagĂ©. Ce modĂšle de l’opposition Ă©puise les forces des organisations qui sont relĂ©guĂ©es Ă  n’ĂȘtre que soit le principe soit l’exception.

 

La remise en cause de cette opposition par le Droit de la Compliance.

Or, si l’on veut porter de grandes ambitions, par exemple concrĂ©tiser des droits humains au-delĂ  du systĂšme juridique Ă  l’intĂ©rieur duquel les AutoritĂ©s publiques exercent leurs pouvoirs normatifs, il faut s’appuyer sur une nouvelle branche du Droit, remarquable par son pragmatisme et par l’ampleur des ambitions, y compris humanistes, qu’elle porte : le Droit de la Compliance.

 

L'utilisation des "puissances privĂ©es" par le Droit de la Compliance pour atteindre l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral global, que la "puissance publique" souvent ne peut pas atteindre.

Il apparaĂźt que le Droit de la Compliance est ainsi la branche du Droit qui fait porter le souci d’autrui, concrĂ©tisĂ© par des droits humains, par les entitĂ©s en position de le satisfaire, entitĂ©s que sont les entitĂ©s systĂ©miques, les grandes entreprises en Ă©tant l’exemple privilĂ©giĂ©, sujets de droit directs de la Compliance.

 

Une nouvelle répartition entre les "puissances publiques et privées" : l'usage que les puissances privées, orientées par le Droit vers les Buts Monumentaux de la Compliance, font de leur "pouvoir", est supervisée par les Autorités titulaire de la puissance publique.

Il en rĂ©sulte une nouvelle rĂ©partition entre les autoritĂ©s publiques, lĂ©gitimes Ă  formuler le But Monumental de protĂ©ger les ĂȘtres humains, et les organisations privĂ©es, qui s’ajustent Ă  cela selon le type de droits humains et au regard des moyens mis en place pour les prĂ©server. Les entreprises sont recherchĂ©es parce qu’elles sont puissantes, en ce qu’elles sont en position de concrĂ©tiser les droits humains, dans leur indiffĂ©rence au territoire, dans la centralisation des informations, des technologies et des moyens Ă©conomiques, humains et financiers.

Cette alliance est essentielle pour que le systĂšme ne conduise pas Ă  un transfert de choix politique et que cela aboutisse Ă  une efficience systĂ©mique. Il en rĂ©sulte une nouvelle dĂ©finition de la souverainetĂ© telle qu’on la voit se dessiner dans l’espace numĂ©rique, lequel n’est pas un secteur particulier puisque c’est le monde qui s’est digitalisĂ©, la question climatique justifiant la mĂȘme nouvelle rĂ©partition des rĂŽles.

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pour accĂ©der Ă  des rĂ©fĂ©rences techniques supplĂ©mentaires via des liens hypertexte, consulter le document de travailâžĄïžđŸ§±M.-A. Frison-Roche, 🚧L'usage des puissances privĂ©es par le droit de la compliance pour servir les droits de l'homme, 2023

 

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