19 novembre 2012

Blog

Le grand professeur Gérard Farjat s'est éteint le 19 novembre 2012

par Marie-Anne Frison-Roche

Gérard Farjat était un très grand juriste.

Le titre des mélanges qui avaient été concoctés pour lui en 1999 illustre bien son esprit : "Philosophie du droit et droit économique".

Spécialiste de droit économique, il avait innové dès sa thèse en 1963 sur L'ordre public économique, posant qu'il pouvait être de direction mais aussi de protection. Car philosophiquement, c'est du souci du faible qu'il avait souci. Il étudiait le marché et les moyens techniques d'y insérer la considération de l'être humain et des besoins que le marché ne peut suffire à satisfaire.

Bref, c'était un homme de bien.

 

Lire ci-dessous la suite.

Cher Gérard,

Si actif, souvent avec sa veste tricotée ou un pull. Il me regardait avec suspicion puisque je trouve des qualités, voire des vertus, au mécanisme du marché, mais l'on s'entendait bien. Quand on ne se voyait pas, on s'écrivait.

Pour se disputer un peu, sur ce qu'il estimait la dureté excessuve du marché mécanisant le monde au profit d'une bande de voyous ploutocrates, et la nécessité de le combattre, sur les forces qu'il essayait de rassembler contre lui, il fallait bien trouver des points d'accroche pour se disputer un peu et s'envoyer à la figure quelques exemples ou une ou deux citations de fond de cour.

Mais sur la substance des choses, nous étions bien d'accord. Sur le fait qu'il ne faut se décourager sous prétexte qu'on est tout seul à penser ceci ou celà (en tant que marxiste, il en savait quelque chose et l'Université lui avait présenté la facture qu'il avait signée en offrant en prime le pourboire pour le personnel, de nombreux travauxx, la création d'un centre, la constitution d'une association internationale de droit économique). Sur le fait que les jeunes, par inconscience et parce qu'ils ont des idées, réussiront là où nous avons échoué, ainsi avoir échoué ne doit en rien nous aigrir.

Il aimait particulièrement le dynamisme des femmes, les chinoises, les indiennes, les brésiliennes, les françaises. Il comptait sur elles. Il compte sur les autres, c'est normal les autres se sont tant appuyés sur lui, et avec tant de bonheur.

 

______

votre commentaire