5 novembre 2015

Enseignements : La personne entre le droit et l’économie

La personne entre droit et économie : la peau

par Marie-Anne Frison-Roche

La peau. Titre d'un livre de Malaparte, qui décrit la marque de la Guerre à la fin de celle-ci. L'horreur de la guerre marqué à fer guerre sur la peau, titre agressif et impudique, reproche en tant que tel : comment avez-vous pu laisser les êtres humains dans cet état, seul et sans défense, avec leur seul peau, plus même que l'on évoque leur ossature (la peau et les os), non seulement la peau.

Pourtant le mouvement philosophique qu'est le dandysme attaque une grande attention à cet objet qu'est la peau, la poudre, l'observe, apprend mille manières dans l'art par lequel les peaux se frôlent dans les menuets et autres manières de salons. La peau, c'est l'art des villes au regard des viriles ossatures des faucheurs des campagnes.

Ainsi, lorsqu'on réfléchit sur la peau et ses plis, reprenant les réflexions du juriste Leibniz, l'on est confronté à autant de paradoxes que de retournements. C'est un sujet que l'on ose toucher, car la peau est un sujet intouchable. Sans doute parce que la peau est une réalité si importante pour l'être humain qu'elle n'est l'objet de presque aucune étude juridique, la pensée occidentale dans sa mise à distance du corps rejetant au loin la peau alors que celle-ci est ce par moi la personne se donne à voir en premier, ce par quoi l'on perçoit son âge, ce que l'on appelle souvent sa "race", etc. Plus un élément est important et plus il est convenu qu'on le taise.

Mais le Droit traduit dans ses principes et dans ses cas, par exemple ce que l'on a appelé la "greffe de visage" alors qu'il ne s'agissait que d'une greffe de peau, les contradictions et l'attention que chacun a sa peau : "que chacune sauve sa peau !", s'exclamera l'égoïste. Pourtant, la société elle-même est concernée par la peau, qui devient collective si l'on se met à revendiquer la "peau noire" comme marque d'identité : l'identité, quoi de plus juridique ? En cela, la peau est un élément par lequel la personne s'exprime (I). Mais cette façon de s'exprimer ne cesse d'évoluer. La peau est aussi une si belle chose, ce par quoi l'être humain apparait, en lui-même mais aussi paré de la peau des autres, fourrures et peaux animales précieuses. De la valeur économique des peaux aussi, le Droit se mêle (II).

 

 

I. LA PEAU, EXPRESSION ÉVOLUTIVE DE LA PERSONNE

 

A. LA PEAU, MODE D’IDENTITÉ D'UN GROUPE

1. La couleur de la peau

  • "couleur" de la peau, racisme et droit
  • association et revendication de couleur de peau
  • soft law et lutte contre les "écrans pâles"

2. La peau socialement marquée

  • Le marquage d'un caste (exemple des yakuzas)
  • Les marques de croyance (signe du bonheur, signe d'indisponibilité, etc.)
  • Marque éphémère, temporaire ou indélébile

 

B. LA PEAU, EXPRESSION JURIDIQUE DU RAPPORT DE LA PERSONNE A ELLE-MÊME 

1. Le dévoilement de la peau : le statut juridique de la nudité

  • Statut juridique de la peau et vie privée
  • Cas : charte Google ou FaceBook et nudité

2. . La définition des peaux

 

II. LA PEAU, VALEUR ÉCONOMIQUE ÉVOLUTIVE

A. LA PEAU ANIMALE

1. Seconde peau, cuir et fourrure

  • Summa-divisio peau humaine - peau animale
  • Cuir et scalp
  • Fourrure, cheveux longs et cheveux courts

 

B. LA PEAU HUMAINE

1. Les qualités onéreuses de la peau humaine

  • Le marché de la beauté
  • Le marché de la jeunesse
  • Le marché du coloriage

2. Peau humaine et propriété intellectuelle

  • "L'homme aux cellules d'or
  • Interchangeabilité des cellules, peau et organes, cellules-souche
  • Cultures de tissus
  • Propriété de la peau : l'affaire de la Tour Eiffel

3. Statut bio-éthique de la peau humaine

  • La "greffe de visage"
  • La peau, ce qui est le plus profond de la personne humaine

 

votre commentaire