Le jeune juge d'instruction Lambert donna un retentissement à ce que l'on appela "l'affaire Grégory", qui s'est déroulée en 1984. Il sort aujourd'hui un livre pour s'expliquer sur cette affaire, dans laquelle il fit incarcéré un proche, que chacun crût coupable de l'assassinat atroce du jeune enfant Grégory. Le père de celui-ci attendit donc l'homme soupçonné à sa sortie de détention provisoire pour l'abattre d'un coup de fusil.
Puis, les soupçons se tournèrent vers la mère même de l'enfant. Qui ne cessait de mentir, de se contredire.
Aujourd'hui, le juge essaye d'expliquer ce qu''il présente comme un "erreur judiciaire". Les intéressés ont protesté contre l'ouvrage qu'ils considèrent comme une "infamie".
Mais n'est-ce pas plutôt un "mystère judiciaire" ?
Car nul ne sait jamais qui était l'assassin.
Ce que l'on garde en mémoire, c'est l'article très controversé, enflammé et littéraire de Marguerite Duras, à la gloire de la mère, alors soupçonnée d'avoir tué son propre enfant : "Sublime, forcément sublime!".
Du droit à la littérature, il n'y a qu'un pas.
L'affaire Grégory a eu à l'époque un énorme retentissement.
En soi, parce que l'affaire était terrible.
Ensuite, parce que le juge d'instruction, très jeune et isolé, parla à la presse, mit en examen un proche qui fût abattu par le père de l'enfant, alors qu'il fût démontré par la suite qu'il était innocent.
Cela alimenta le "procès du juge d'instruction" et l'idée récurrente de supprimer le juge d'instruction, celui que Napoléon qualifiait "l'homme le plus puissant de France".
Aujourd'hui, en septembre 2014, le jeune juge d'instruction a plus de 60 ans. Il publie un livre. Ou il affirme qu'il a été lui-aussi une victime.
Il y aurait eu des "erreurs judiciaire". Il l'écrit et le raconte, par exemple à la radio le 9 septembre 2014.
Mais pour parler d'erreur judiciaire, encore faut-il connaître la vérité, avant de mesurer l'écart entre celle-ci et l'histoire que la justice un temps conta, car c'est cette distance qui fait "l'erreur du juge".
Dans cette affaire, personne ne sût jamais qui était l'assassin de l'enfant. Cela reste un "mystère judiciaire". La preuve que la justice s'arrête là où le secret des familles est si profond que la justice n'y pénètre plus.
L'autre raison pour laquelle l'affaire Grégory demeure célèbre est que, bien que sordide et atroce, elle est romanesque.
Ainsi, un "corbeau" écrivait des lettres anonymes dénonçant les uns et les autres, accusant les unes et les autres. Or, c'était la mère de l'enfant elle-même qui les écrivait. Cela fait tant penser au film de Clouzot ...
Plus encore, Marguerite Duras s'en mêla !
Elle écrivait dans Libération un article : "Sublime, forcément sublime", à la gloire de la mère, en affirmant que son innocence ou sa culpabilité lui était indifférente, qu'elle n'en voulait rien savoir, mais que Christine Villemin était "sublime".
Des pétitions furent montées contre M.D. Mais cet article extraordinaire marqua les esprit.
Le droit est aussi un morceau de littérature.
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