Jan. 1, 2015

Teachings : Droit et Cinéma

Droit et Cinéma

Livret de séminaire - semestre de printemps 2015

by Marie-Anne Frison-Roche

L'objet de ce livret d'un séminaire de 12 séances de deux heures est d'en expliciter la problématique et la méthode.

Partant de films, il propose une vingtaine de films, par lesquels l'on peut percevoir la façon dont le cinéma reflète la façon dont une société à une époque développe une certain droit. 

Cela permet aux étudiants participant à ce séminaire de choisir parmi ce florilège 10 films qui leur plaisent le plus pour travailler sur ce thème général du cinéma qui met en image le droit, soit parce que c'est l'objet du film, soit parce que le cinéma reflète la vie sociale dont le droit ne peut être totalement dissocié. 

Themes

© mafr

 
Fiche descriptive d’enseignement 
 
 
 
 
Titre de l'enseignement dans la langue principale de l’enseignement : Droit et Cinéma
 
Titre de l'enseignement, traduit en anglais : Law and Cinema
 
Langue principale de l’enseignement : Français. Certains films visionnés sont anglophones
 
Semestre d’enseignement : semestre de printemps 
 
Pas de E-cours 
 
Pas de pré-requis 
 
Type d'enseignement : Séminaire 
 
Enseignement électif 
 
 
Descriptif du cours 
 
Le cinéma est un art populaire nouveau mais qui ne se détache pas de ce qui l’a précédé. Gilles Deleuze l’a montré dans son cours consacré au cinéma, qu'il a rattaché à la notion de durée, à travers notamment les travaux de Bergson. En tant que le film intègre la durée, forme particulière du temps, celui-ci va reproduire davantage des phénomènes qui se déroulent dans la durée, voire dans des séquences, comme une procédure judiciaire. 
 
Par ailleurs, le film est une création personnelle et constitue une œuvre de fiction. Il prend donc distance par rapport à la réalité. Or, le droit établit cette même distance, puisqu’il se définit comme un artefact, en raison de sa puissance normative, ainsi que l’a souligné Carbonnier. En outre, le droit se met en scène. Ainsi, dans Surveiller et punir, les premiers paragraphes de l’ouvrage de Foucault portent sur l’exécution publique de celui qui tenta d’assassiner Louis XV : le droit se met en images spectaculaires, souvent sanglantes et dramatiques. C’est de plus en plus le cas. Les audiences des Cours suprêmes deviennent publiques via leur site Internet et les procès « historiques » sont filmés, voire reconstitués au cinéma.
 
D’un autre côté, bien que composé d’œuvres de fiction, le cinéma reflète une société et donne celle-ci à voir, au sens premier du terme, puisqu’il la met en image. Cela sera d’autant plus facile lorsque le droit lui-même est imagé. C’est pourquoi les films rencontrent le droit principalement à travers le procès, scène juridique de spectacle, de gestes et de paroles, davantage qu’à travers les mécanismes d’engagement, comme le contrat, ou ceux par lesquels la famille s'organise. On trouve certes de nombreux films sur celle-ci, mais le droit y a souvent peu de place, sans doute parce que dans la vie le droit a également la part congrue dans la vie familiale. 

Ainsi, la société juridique s’insinue dans le cinéma, soit parce que le film choisit un thème juridique, voire un cas (Omar m’a tuer), soit parce que les mécanismes juridiques du moment dans un groupe social donné affleurent. Ainsi, lorsqu'on regarde un film, on ne sait si l'on regarde la "réalité" ou une "oeuvre de l'esprit", tant la notion de "documentaire" est floue.

Plus encore, le cinéma restitue une profondeur, un sorte de "juridicité » des sociétés : par exemple, regarder les westerns permet de comprendre le droit constitutionnel de porter une arme aux États-Unis. En outre, la technicité du droit ne peut être très élevée dans certains films, comme on peut l’observer dans des séries récentes, comme West Wing, Damages ou The good Wife (ce dont on ne trouve guère l’équivalent en France, à part Engrenage, feuilleton d'inspiration nord-américaine) qu'en raison du fait que la société nord-américaine est imprégnée de culture juridique et judiciaire. 

Reprenant l’affirmation de Savigny, fondateur de l’ École historique du droit, selon laquelle le droit exprime l’esprit d’un peuple, on peut songer qu’il en est de même des représentations que les cinémas nationaux font du droit, exprimant à travers cela leur propre esprit juridique, plus ou moins conscient. 
 
Mode de validation 
 
L’enseignement donne lieu à un contrôle continu.

Le travail de préparation des séances et le travail en séance (exposé, participation) correspond à 60% de la note.

Il est complété par un contrôle de fin de semestre, dont la note correspond à 40% de la note globale.
Celui-ci prend la forme d’une dissertation à faire sur table, en deux heures, lors de la douzième séance. Le sujet à traiter est à choisir parmi deux sujets.
Le travail est fait sur papier libre. L’usage d'un ordinateur n’est pas autorisé.
Au choix de l'étudiant, le devoir est  rédigé en français ou en anglais.
Il peut être utilise de consulter les annales de sujets.

Ce travail sur table doit être fait  sans documentation extérieure.
Il est conseillé aux étudiants de structurer leur travail et d’appuyer leurs propos notamment sur les films qui ont été analysés lors des séances successives, ainsi que sur tous les autres films qu’ils connaissent, ce type de références pouvant être croisées avec des connaissances et renvois juridiques, sociologiques, politiques, philosophiques, anthropologiques, historiques, etc.
 
 
Charge de travail 
 
La préparation des conférences suppose la préparation générale du thème chaque semaine et l’exécution personnelle de travaux demandés. Cela correspond à un exposé oral du thème de la séance, exposé à deux, voire exceptionnellement à trois, étudiants. Les fiches de préparation des séances peuvent être ramassées ou spontanément remises. Elles sont alors corrigées et quand cela est possible notées. 
L’étudiant doit faire des recherches, voir des films et faire des lectures par lui-même. 
 
Format pédagogique 
 
Les séminaires sont hebdomadaires, d’une durée de deux heures. Ils prennent la forme d’un thème, qui est construit sur un film, sur lequel il s’agit d’élaborer une problématique, soit celle expressément attachée à la séance, soit tirée de celle-ci par l'étudiant.
Chaque étudiant doit avoir vu le film, disponible à la DVDthèque de Sciences Po. 
Chaque étudiant doit avoir fait une fiche écrite d’une page sur ce qu’il a pu penser du film au regard du croisement entre le droit et le cinéma. 
Chaque séance commence par l'exposé, avant la reprise du thème par le professeur. 
Certains thèmes peuvent justifier la venue d’un intervenant extérieur. 
Suivant les thèmes, il est possible que le sujet ait été travaillé par avance sur le site www.mafr.fr dans la rubrique de la "matière à la réflexion" : Droit et Art. 
Une Newsletter est proposé à abonnement. Une partie des informations concerne les rapports entre le droit et le cinéma et croise directement le thème du séminaire. Il est donc pertinent de s'y inscrire, indépendamment de la rubrique pédagogique plus strictement réservé aux étudiants (droit et cinéma ).
 
 
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Construction détaillée des séances du séminaire 
 
1. Séance d’introduction. Problématique générale présentée par le professeur. Méthodologie. Présentation des travaux. Arrêt du calendrier.
Choix par les étudiants de 11 thèmes parmi ceux proposés ci-dessous.
 
2. L'associé du diable : la dimension diabolique de l’avocat, la dimension angélique du juge 
 
3. Le droit dans Une belle fille comme moi 
 
4. Omar m’a tuer : fiction ou documentaire ? 
 
5. Le droit politique dans Star wars
 
6. Le droit politique britannique versus le droit politique nord-américain dans House of cards, version U.K. versus  version U.S.
 
7. Le viager : le droit, le temps et la justice immanente

8. "I am the Law" : Judge Dredd
 
9. La représentation de la justice française dans Engrenage

10. Le droit financier nord-américain à travers Le loup de Wall Street

11. L'apparence du droit par l'organisation procédurale : Brazil

12. Le prénom, entre droit et psychologie sociale, dans Le prénom

13. La part du droit dans Matrix
 
14. La justice comme machine broyeuse dans Le faux coupable 
 
15. La vérité : quel rapport avec la vérité et la justice ?

16. Landru ou Monsieur Verdoux ?

17. Le rapport entre le droit et les moeurs illustré par Divorce à l'italienne

18. Le système institutionnel français antérieur à la Vième République :  Le Président

19. "L'affaire Agnelet" ou "L'homme qu'on aimait trop" ?

20. Le droit, vecteur d'un discours de philosophie politique : Hannah Arendt
 
21. La série Person of Interest est-elle un manuel d'illégalité ?

 
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Visionnages et lectures conseillés
 
Il n’est pas spécialement demandé de lectures.
L'essentiel est plutôt de voir des films. Il est conseillé d’en voir le plus possible, les plus variés possibles. Au minimum, il faut avoir vu préalablement chacun des films mentionnés pour chacune des séances. 
 
Tous les autres films sont bienvenus. La lecture d’ouvrages sur le cinéma peut l’être également. Par extension, certains travaux sur les rapports entre le droit et la littérature, et certains ouvrages portant sur les rapports entre la littérature et le cinéma, peuvent être consultés, l’étudiant en tirant alors partie au regard des deux termes du triptyque, et ce d’autant plus que de nombreux films sont des adaptations de livres, de pièces de théâtres ou d’opéras. 

 


Bibliographie

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